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Interview - Alexis Michalik ou "le nouvel Edmond Rostand"

Dernière mise à jour : 26 mars 2024

Avant qu'on ait nommé ce virus qui bouscula le monde, j'ai eu la chance d'assister à une représentation de la pièce d'Alexis Michalik déjà maintes fois saluée par la critique, Edmond. Mais le talent du dramaturge n'était plus à prouver depuis longtemps : Le Porteur d'Histoire et Le Cercle des Illusionnistes, toutes deux nommées aux Molières 2014, lui assuraient des salles remplies pour Edmond, qui, dans la droite ligne de ses précédents chefs-d'œuvre, ne remporta pas moins de 5 Molières en 2017 !

En février 2019, je proposai au dramaturge d'inaugurer la rubrique "Littérature" de mon ancien blog. Il accepta généreusement.

Dans cette interview, Alexis Michalik revient sur la création de sa pièce, fruit d'une vieille ambition trop ambitieuse alors pour être mise en œuvre et que le succès du Cercle des Illusionnistes et du Porteur d'Histoire va finalement porter au théâtre du Palais Royal.


• Comment vous est venue l’idée de cette pièce ? Quel rapport avez-vous à Edmond Rostand et son œuvre ?


“Je suis un grand fan d’Edmond Rostand et de Cyrano bien sûr ! Je connaissais la pièce depuis très longtemps. C’est une de mes pièces préférées, comme pour beaucoup de gens. Et, un jour, en lisant un dossier pédagogique à la fin d’une édition de Cyrano, j’ai appris plusieurs choses sur la première de la pièce, notamment que personne n’y croyait et que ça avait été un succès phénoménal. L’auteur n’avait alors que 29 ans, ce que j’ai trouvé extrêmement jeune par rapport à la maturité de l’œuvre. C’est alors que je me suis dit que ce serait génial de raconter la première de Cyrano.”



• Que représente cette pièce pour vous ? Vous attendiez-vous à un tel succès ?


“Au début, je pensais en faire un film. Tout de suite, je me suis dit que ça ferait un super film, alors je me suis mis en quête de producteurs, et j’ai fini par en trouver. À l’origine, je devais écrire le scénario et on devait le faire réaliser par quelqu’un d’autre. On l'a donc proposé à plusieurs réalisateurs mais personne n’en a voulu parce que le sujet ne les intéressait pas (le théâtre, que sais-je !). Au bout de plusieurs années, je suis allé à Londres voir quelques spectacles, dont l’adaptation au théâtre de Shakespeare in Love. Et, seulement là, je me suis dit: « mais en fait il faut qu’Edmond soit d’abord une pièce ! ». Je suis donc rentré, j’en ai parlé à mes producteurs, nous avons trouvé un théâtre, le Palais Royal, et j’ai monté le spectacle en septembre 2016.

Évidemment, cette pièce représente énormément pour moi ! C’est un projet que je portais depuis presque 15 ans. J’en rêvais déjà quand j’avais une vingtaine d’années; je me disais que ce serait vraiment génial de raconter la première de Cyrano et j’en ai rêvé longtemps. Quand on rêve à ces histoires et que certaines histoires persistent, reviennent sans cesse, c’est que ça en vaut la peine. J’ai donc évidement été estomaqué et ravi du succès de la pièce. Mais on ne peut pas s'attendre à une chose aussi folle ! Ça à été quelque chose d’assez extraordinaire en terme de public, de critiques, de récompenses ! Et, grâce au succès de la pièce, on a pu faire le film.”



• Pourquoi avoir d’abord voulu faire un film ?


“Je me disais qu’avec une telle ampleur, autant de personnages, de costumes, de décors, ça se prêtait parfaitement au cinéma, à l’économie du cinéma. Et, surtout, à l’époque je ne pouvais pas imaginer que je serais en mesure de faire un spectacle aussi ambitieux, ne serait-ce qu'économiquement et en nombre de comédiens: je ne pensais pas pouvoir un jour avoir 12 comédiens sur scène dans un théâtre comme le Palais Royal. C’est seulement parce qu’à cette époque j'avais fait le Porteur d’histoire et le Cercle des illusionnistes, qui avaient eu un certain succès, que je me suis retrouvé en position de pouvoir me projeter sur une scène de théâtre.”



• Combien de temps vous a pris son écriture ?


“C’est quelque chose qui est compliquée à quantifier: à partir de quand compte-on le début de l’écriture ? Est-ce à partir de la première idée ? Ou est-ce plutôt à partir du moment où l’on commence à mettre le premier mot, à prendre les premières notes ? Je pense que l’écriture est un processus global, qui part de l’idée et termine au moment où l’œuvre « existe ». Et dans ce cas-là, je dirais que ça m'a pris entre 10 et 15 ans. Par contre, l’écriture en elle-même m'a pris entre 2 et 3 ans, avec les versions successives du scénario qui finalement est devenu une pièce.”


« J’ai essayé de faire avec Edmond ce qu’Edmond a fait avec Cyrano. »

• Dans quelle mesure vous êtes-vous inspiré de la vie d’Edmond Rostand et de son entourage ?


“J’ai essayé de faire avec Edmond ce qu’Edmond a fait avec Cyrano. C'est-à-dire qu'il s’est beaucoup renseigné sur la vie de ce-dernier, sur son entourage et sur son époque à laquelle il a ajoutée sa propre histoire; il a inventé une histoire romanesque basée sur la vie de Cyrano. Et bien j’ai fait la même chose: j’ai pris la vie d’Edmond Rostand et j’ai inventé une histoire romanesque basée sur celle-ci. Il y a donc une grande part de vrai, surtout beaucoup de personnages réels, mais aussi beaucoup de choses inventées, et ces inventions viennent soit de mon imagination soit directement de Cyrano de Bergerac. Le but était d’amener la vie, l'histoire, de Cyrano dans la vie d’Edmond Rostand. Par exemple, le triangle amoureux entre Léo, Jeanne et Edmond n'a pas existé mais existe dans Cyrano entre le héros éponyme, Roxane, et Christian.”



• Auriez-vous un mot d’encouragement pour nous, collégiens, lycéens, étudiants, dont l’orientation est en cours, les rêves encore frais ?


« La jeunesse a cet avantage extraordinaire sur tous ces vieux adultes qui croient tout savoir, c'est qu'elle peut devenir tout ce qu'ils n'ont jamais été, et réussir là où tous ont échoué! « Il suffit pour cela », comme disait Oscar Wilde, « d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit. » »


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